Une journée pour parler de la santé des femmes
Le 28 mai incarne la Journée internationale d’action pour la santé des femmes. L’occasion pour le Groupe VYV de faire le point sur sa vision et ses solutions en interrogeant Amélie Mierral, responsable du département conception au sein de la Direction prévention, éducation et promotion de la santé du Groupe VYV.
Si chacun reconnait assez facilement le 8 mars comme étant la Journée mondiale du droit des femmes, il n’en va pas de même pour le 28 mai, largement moins présent dans les esprits. C’est que la Journée internationale d’action pour la santé des femmes n’existe que depuis 1987. Après s’être d’abord concentrée sur des actions de prévention de la morbidité maternelle, incluant les questions liées à la grossesse, à l’accouchement ou aux avortements insécures, elle s’est depuis 1996 largement ouverte à la plupart des thématiques touchant à la santé des femmes : accès à une assistance médicale de qualité, violences faites aux femmes, droit et santé sexuelle des jeunes, accès aux contraceptifs, lutte contre le VIH…
Aujourd’hui, c’est autour d’une question centrale liée à l’inégalité des sexes vis-à-vis de la santé que s’organisent les initiatives.
En faisant de l’accès à la santé pour tous sa raison d’agir, le Groupe VYV, 1er acteur mutualiste de protection sociale, s’engage pour un accompagnement global de la santé des femmes.
Amélie Mierral, responsable du département conception au sein de la Direction Prévention, éducation et promotion de la santé du Groupe VYV, revient sur l’engagement du groupe.
Amélie, avant d’entrer dans le détail des dispositifs, une question qui pourra vous paraître un peu naïve : pourquoi faut-il s’intéresser à la santé des femmes ?
Tout simplement, parce que cette question a été jusqu’à présent insuffisamment prise en considération !
Comme l’a pointé la Haute Autorité de santé (HAS), les différences entre les sexes sont réelles, ne sont pas toujours bien prises en compte dans les parcours de soins et prévention et donc sources d’iniquités en santé. Les femmes ont des trajectoires de santé bien différentes de celles des hommes, au-delà de spécificités biologiques qui leur sont propres.
La société est d’ailleurs contributrice de ces différences entre les hommes et les femmes en étant emprunte de codes sociaux qui vont conditionner le rapport au corps, le recours aux soins et l’attention portée à l’expression de symptômes de certaines pathologies, c’est ce qu’on appelle les biais de genre en santé.
Par ailleurs, le rapport d’information de la délégation aux droits des femmes rendu le 28 juin 2023 au Sénat prône également une approche genrée en matière de santé au travail et pointe l’exposition des femmes à des risques professionnels plus silencieux, moins visibles. L’inégalité de genre se double d’une inégalité sociale, avec un cercle vicieux entre précarité du travail et conditions de vie et mauvaise santé.
Comment peut-on aujourd’hui résumer l’action du Groupe VYV en faveur de la santé des femmes ?
Notre groupe s’intéresse à la santé des femmes notamment en accompagnant ses dernières en termes de spécificités biologiques à toutes étapes de la vie par des actions de prévention autour des sujets liés à la précarité menstruelle, l’endométriose, la ménopause, mais aussi l’aidance, la charge mentale ou l’accompagnement à la parentalité.
Je peux évoquer ici les principales initiatives engagées par les maisons du groupe :
- MGEN, en collaboration avec la startup Lyv propose à ses adhérentes, salariées et militantes un programme d’accompagnement pour mieux vivre avec l’endométriose.
- Harmonie Mutuelle a pour sa part élaboré le programme « Prenons soin des femmes » avec la mise en place expérimentale d’un service d’accompagnement de prévention sur la santé des femmes en entreprise leur permettant de prendre soin d’elles dans une dimension individuelle, personnalisée et réalisé par une sage-femme ainsi qu’un parcours de webinaires pour prendre soin de sa santé physique et mentale tout au long de leur vie.
- MGEL est quant à elle devenue en juillet 2022 la première mutuelle en France à prendre en charge, les frais des autotests salivaires de dépistage de l’endométriose. Sur la problématique de la précarité menstruelle, on peut souligner les initiatives de la MNT, Harmonie Mutuelle et MGEL via sa plateforme Yvon de fourniture gratuite de culottes menstruelles.
- Enfin, valorisons le programme Women’s care, récompensé par l’ONU Femmes et mis en place au sein de 2 ESAT et d’une entreprise adaptée de VYV 3 pour faciliter les conditions de travail des travailleuses handicapées avec l’amélioration de l’accès aux soins gynécologiques, la détection des violences, l’accompagnement au retour au travail après un cancer, etc.
Ces initiatives sont aussi le fruit de partenariats ambitieux !
Notre conviction est qu’on ne construit rien tout seul ! J’évoquais à l’instant les initiatives imaginées pour répondre à la question de la précarité menstruelle.
Depuis septembre 2022, le Groupe VYV a officialisé son partenariat avec le collectif Femtech France dans le cadre de l’ouverture de la « FemTech School », avec pour ambition de soutenir les innovations dédiées à la santé des femmes et aider à structurer l’écosystème FemTech en France.
Vous avez cette année mené une étude réalisée par BVA Xsight consacrée à la santé des femmes. Quelles seront demain les sujets prioritaires au Groupe VYV dans l’accompagnement de la santé des femmes ?
Le Groupe VYV a lancé cette année une étude d’envergure auprès de plus de 3000 personnes dont 2/3 de femmes, 900 hommes et 400 employeurs pour identifier les axes prioritaires en matière de santé des femmes y compris dans la sphère professionnelle.
Il m’est impossible de tout citer, mais voici les résultats marquants de cette étude :
- La persistance d’inégalité de genre exprimée par 2/3 des femmes interrogées,
- La très forte charge mentale de l’ordre de l’épuisement pour 1 femme sur 5, les empêchant ainsi de prendre soin de leur santé,
- La santé mentale dégradée pour 4 femmes sur 10 (contre 3 hommes sur 10),
- La méconnaissance des maladies cardiovasculaires avec seulement 1% des femmes qui cite les maladies cardiovasculaires comme une problématique de santé féminine alors que c’est, on le rappelle, la 1ère cause de mortalité féminine aujourd’hui en France,
- Un parcours de santé dans lequel 54% des femmes ne consultent leur médecin que lorsque cela devient indispensable et 46% qui rencontrent des difficultés de prise de rdv en particulier chez des médecins spécialistes,
- En matière de santé des femmes au travail, 66% des employeurs (privés comme publics) déclarent que la santé des femmes est un sujet à adresser au sein de leur structure pourtant seulement 6% des femmes se sentent à l’aise pour parler de leur santé à leur employeur.
Est-ce que les constats révélés de l’étude vous ont surpris ?
Pour bon nombre de constats, par exemple la question de la charge mentale ou la difficulté des femmes à évoquer leur santé dans le cadre professionnel, l’étude a confirmé ce que nous pressentions déjà.
Nous avons en revanche été frappés par la problématique des maladies cardiovasculaires, largement méconnue et identifiée par les femmes alors que ces maladies représentent chez les femmes la première cause de mortalité, elles ne sont que 1% à les évoquer. Je dois avouer que sur cette question-là, oui, nous avons été surpris !
Notre étude a permis d’éclairer la perception des femmes et des employeurs quant au congé pour troubles féminins (congé menstruel et autres problèmes de santé féminin) et les résultats peuvent surprendre : 73% des femmes pensent que les jours d’arrêt de travail pour troubles féminins les pénalisent, un avis partagé par 68% des employeurs.
En conclusion, j’ajouterai que pour le Groupe VYV, l’enjeu est de proposer un accompagnement global de la santé des femmes en donnant à toutes les chances et les moyens de préserver leur santé tant physique que mentale et en agissant sur les biais de genre en santé auprès bien sûr des femmes en premier lieu, ainsi que des hommes, des employeurs et des professionnels.