« La France doit s’emparer du sujet de la prévention et du sport santé ! »

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Michel Cymès, l’un des médecins ORL les plus connus des Français, était en avril dernier sur le plateau de l’émission spéciale « La santé d’abord » , consacrée au futur de notre santé. L’occasion pour lui de revenir sur l’un de ses principaux combats : faire en sorte que le sport santé soit véritablement perçu comme un outil de prévention à part entière.

Lorsqu’on vous entend évoquer la question du sport santé et des actions qui devraient être menées pour en faire la promotion, on a le sentiment qu’on est assez loin du compte ? C’est une réalité ? 

Oui… Heureusement que Paris 2024 s’en occupe depuis maintenant 7 ans, avec le Collectif « Pour une France en forme » ! Vous savez, en médecine, il faut faire passer les messages progressivement en espérant qu’un jour ça se concrétise. Pour l’instant on arrive à faire entrer dans les esprits que le sport et l’activité physique sont essentiels et vont permettre de changer la vie des Français, j’espère que dans quelques années on aura des résultats concrets. 

Reste qu’on fait aujourd’hui plutôt moins bien que les autres ? 

Une enquête de l’OMS a été menée sur cette question et sur 146 pays étudiés, la France se classe 119° ! Et je me permets de faire remarque que la France n’est pas un pays en voie de développement… Ce résultat est donc une catastrophe ! 

On a laissé l’agroalimentaire prendre le dessus en nous proposant des aliments ultra transformés, on laisse des enfants sans aucune prévention avec des écrans toute la journée, cela fait maintenant des décennies qu’on n’a pas de véritable politique sportive… Tout cela, on le paye aujourd’hui, même s’il faut se dire que tout n’est pas perdu et que de nombreux acteurs tels que le Groupe VYV se sont emparés de ces sujets. 


Quelle solution envisagez-vous pour maximiser la prévention ?

Il faut sensibiliser, continuer à donner de l’information, même si elle est déjà très importante. Et puis répéter, répéter, répéter encore… l’éducation passe par la répétition. Enfin, les médecins traitants doivent être conscients qu’ils jouent un rôle particulièrement important, non seulement dans la détection des maladies, mais de manière plus globale dans le discours à tenir aux patients, dans l’importance qu’il y a pour notre société à lui faire comprendre que chacun doit être acteur de sa santé. Cela veut dire plus de dialogue et plus de temps passé avec le patient pour faire passer le message. Et on voit là la difficulté de l’exercice : plus vous passez de temps avec le patient qui est venu en consultation, plus les personnes qui ont déjà tendance à rester en marge des dispositifs vont avoir du mal à obtenir, elles aussi, une consultation… 

On en revient à la question, toujours non résolue de l’accès aux soins et aux inégalités sociales qui en découlent. Si votre médecin n’a que dix minutes à vous consacrer, il va se focaliser sur ce qu’il a à traiter à court terme, sur le traitement à donner, et il n’aura bien sûr pas le temps d’engager le dialogue sur la prévention. Si on veut un jour sortir de ce cercle vicieux, il faut que les médecins disposent de plus de temps avec leurs patients et qu’on les décharge de toutes les tâches administratives qui alourdissent leur emploi du temps.

Revoir l’émission « Ma santé d’abord »