Constats 2024 des arrêts de travail dans l’ESS : les principaux chiffres et les facteurs contributifs

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Depuis la crise sanitaire, les arrêts de travail restent un enjeu majeur pour tous les secteurs économiques. Qu’en est-il pour les structures de l’économie sociale et solidaire ? Evolution du taux d’absentéisme, de la durée et saisonnalité des arrêts de travail, quels sont les facteurs qui peuvent contribuer aux arrêts de travail... Le Groupe VYV suit chaque année, via un baromètre, les tendances des arrêts de travail grâce aux données issues du traitement anonymisé des Déclarations Sociales Nominatives (DSN) du portefeuille d’1,5 million de salariés du privé assurés par Mutex dont 910 700 dans le secteur de l’économie sociale et solidaire (ESS), soit le tiers des effectifs de l’économie sociale et solidaire. Retrouvez les enseignements clés de 2024. 

Le niveau d’arrêts de travail reste alarmant en 2024

Avec 5, 2 % en 2024, le taux d'absentéisme des salariés du privé reste stable par rapport à 2023, mais demeure nettement supérieur aux niveaux d’avant la crise sanitaire (4,4 % en 2019)
Concernant spécifiquement le secteur d’activité de l’économie sociale et solidaire, le taux d’absence des salariés est encore plus élevé : 5,8 %. Les arrêts y sont aussi plus longs : en moyenne 40,6 jours contre 39,5 dans le reste de l’économie. Et leur durée a augmenté d’1,2 jour par rapport à 2023. 
Enfin, 34 % des salariés de l’ESS ont eu au moins un arrêt de travail dans l’année, ce qui est un peu plus que la moyenne générale de 33 %. 

En conclusion : l’ESS reste plus touchée que les autres secteurs, à la fois en fréquence et en durée des arrêts de travail.

Focus sur les arrêts de travail chez les seniors (plus de 55 ans)

En 2024, l’absentéisme des seniors augmente nettement : on atteint un taux de 6,4 %, soit 1 point de plus qu’en 2019. 
Et c’est encore plus élevé dans l’économie sociale et solidaire avec un taux à 7,1 %
La part de salariés seniors arrêtés au moins une fois dans l’année est de 35 % dans l’ESS contre 33% pour l’ensemble des assurés seniors. Les arrêts durent aussi plus longtemps dans l’ESS : 57 jours en moyenne, soit 1 jour de plus qu’en 2023.

Des disparités selon les secteurs

Les secteurs les plus touchés par les absences sont l’action sociale, avec 6,7 % d’absentéisme, et la santé, avec 6,1 %. Des taux bien plus élevés que dans d’autres secteurs comme l’industrie, le commerce, les services, ou même l’administration publique. 
En conclusion, les métiers du soin et de l’aide sont clairement en première ligne face aux arrêts de travail.

Les arrêts retrouvent depuis 2023 un schéma saisonnier conforme à l’avant COVID

En règle générale, on observe plus d’arrêts maladie en hiver, surtout en janvier, février et à l’automne, à cause des virus saisonniers. C’est ce qu’on appelle la saisonnalité classique. En 2020, avec la crise Covid, cette logique a été un peu chamboulée avec la présence de forts pics d’arrêts entre février et mai
Depuis, le calendrier des arrêts redevient prévisible, avec des hausses d’arrêts maladie en hiver et à l’automne avec cependant un niveau global des arrêts qui reste plus élevé qu’avant la crise sanitaire.

Une augmentation des arrêts très courts et des arrêts longs qui persiste

En 2024, on observe deux évolutions marquantes dans les arrêts de travail dans l’ESS : une hausse des arrêts très courts, de 3 à 7 jours, qui deviennent les plus fréquents, et aussi une stabilité des arrêts longs, de plus de 3 mois, qui restent nombreux. Ce sont surtout les salariés de plus de 30 ans qui sont concernés par ces arrêts longs de plus de 3 mois, avec une augmentation de quasi 50% de la part des 31-44 ans depuis 2019. Chez les plus de 55 ans, la part de salariés en arrêt long a bondi de 44%. 
Piste d’explication des chiffres pour les 31-44 ans
Les arrêts longs sont de plus en plus liés à des troubles psychologiques, comme la dépression ou le burn-out. 
Aujourd’hui, un arrêt long sur deux pour ces raisons concerne une personne de moins de 40 ans. Cette tranche d’âge correspond souvent à une période où les salariés ont des charges familiales (enfants, parents à aider…). 
Par ailleurs dans l’ESS, secteur très féminisé, se rajoute aussi les contraintes et problématiques lié à la monoparentalité. C’est un véritable enjeu qu’il est primordial d’anticiper pour mieux accompagner ces salariés.

Arrêts de travail : les facteurs contributifs

Au-delà des difficultés de santé, certaines difficultés d’ordre professionnel et/ou personnel peuvent contribuent aux arrêts de travail. L’étude « Arrêts de travail longs : perceptions, difficultés et attentes des salariés du privé » réalisée par l'Observatoire de l'imprévoyance et l'institut Audirep en 2023 et menée auprès des salariés concernés par un arrêt de travail de plus de 3 mois, démontre une forte contribution des conditions professionnelles et des difficultés personnelles dans les arrêts de travail

Les difficultés personnelles jouent un rôle dans 32 % des cas
On notera un autre chiffre qui interpelle : les troubles de la santé mentale qui sont en cause dans 1/3 % des arrêts de plus de trois mois. 

Le contexte professionnel joue un rôle dans 77% des arrêts de travail longs. 
Mais concrètement, quels facteurs professionnels les pousse à s’arrêter ? Top 3 des facteurs professionnels contribuant aux arrêts longs  : 

  • la surcharge de travail ;
  • le rythme/ l'organisation du travail ;
  • la pénibilité physique.la surcharge de travail.


Une qualité de vie au travail stable dans l’ESS malgré des inquiétudes 
Une autre source d’explication nous vient de l’enquête sur la qualité de vie au travail dans l’ESS, que réalise Harmonie Mutuelle depuis 2013. Fin 2022, dans le cadre de la 4e édition du baromètre national de la qualité de vie au travail dans l’ESS, mené par les équipes du pôle d’expertise ESS d’Harmonie Mutuelle, près de 5 000 acteurs du secteur ont partagé leur ressenti sur leur qualité de vie au travail et les changements vécus dans leur structure. 
Ils nous révèlent un ressenti globalement stable tant pour les salariés que pour les dirigeants. Le sens du travail reste un moteur pour des salariés qui décrivent tout de même, pour une partie d’entre eux, une dégradation de leur QVT. 
6,2/10 pour les salariés, 7/10 pour les dirigeants. Les notes globales de la qualité de vie au travail sont identiques à celles de 2020 et ce, malgré la crise sanitaire qui a pourtant touché le quotidien de nombreux professionnels de l’ESS placés en première ligne (aide à domicile, handicap, secteur médico-social…). 
L’enquête nous montre néanmoins que si 20% des salariés relèvent une amélioration de leur qualité de vie au travail, 46 % des salariés, notent, quant à eux, une dégradation de leur quotidien professionnel sur ces dernières années. Pourquoi ?
En tête : les changements d’organisation, qui peuvent être mal vécus ou mal accompagnés. Vient ensuite la question de la rémunération, en particulier chez les non-cadres, qui y voient un facteur direct de dégradation et enfin l’ambiance de travail au sein des équipes et l’évolution des moyens humain et financiers
Au final, ce que nous disent les salariés, c’est que ce n’est pas seulement le travail qui change… c’est aussi le sens, les conditions, et les moyens de bien le faire.

En savoir plus

  • « Arrêts de travail : tendances et analyses 2024 » 
    Le Groupe VYV suit chaque année, via un baromètre, les tendances des arrêts de travail grâce aux données anonymisées du portefeuille Mutex. Les chiffres 2024 confirment un taux d’absentéisme toujours élevé, soulignant l’importance des actions de prévention et de maintien dans l’emploi. Téléchargez l’étude 

    « Pratiques et perceptions des arrêts de travail dans les entreprises » 
    L’étude menée en 2024 par l’Observatoire de l’imprévoyance du Groupe VYV et l’institut Audirep explore la perception et les conséquences des arrêts de travail dans les organisations. Premier volet : comment les entreprises perçoivent elles les arrêts de travail ? Découvrez les résultats clés de l’étude 

    « 4e Baromètre national qualité de vie au travail dans l'ESS » 
    Près de 5 000 salariés et dirigeants de l’économie sociale et solidaire ont participé au 4e baromètre national qualité de vie au travail dans l'ESS, mené par le pôle d'expertise dédié à l'ESS d'Harmonie Mutuelle. 
    Découvrez les résultats de cette enquête