Comment réduire la charge mentale des femmes actives ?

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Puisque cette dernière déborde inexorablement de la maison au travail, les entreprises ont aussi un rôle à jouer pour améliorer le bien-être, la santé et l’équilibre de vie des femmes. Décryptage.

L’origine de l’expression « charge mentale » remonte à 1984 : c’est la sociologue Monique Haicault qui l’a employé pour la première fois, la définissant comme le « fait de devoir penser simultanément à des choses appartenant à deux mondes séparés physiquement ». Gestion des courses, préparation des repas, suivi médical des enfants, organisation des vacances, etc. : les femmes semblent, de loin, les premières concernées par ce phénomène (8 femmes sur 10).

Malgré les luttes et les réformes, d’importantes inégalités subsistent concernant la répartition des tâches domestiques et familiales. Selon l’INSEE, en 2020, « 25 % des femmes en couple avec enfant consacrent quatre heures par jour ou plus aux tâches domestiques, contre 10 % des hommes. Parmi les couples sans enfant, le constat est accentué. Les hommes participent moins aux tâches courantes : 3 % y consacrent quatre heures ou plus, contre 22 % des femmes ».

Charge mentale et discrimination au travail : la double peine

  • Comme le précise la revue Dialogues économiques, « cette charge liée à la sphère privée ne s’ajoute pas simplement à l’activité professionnelle, mais empiète sur celle-ci. Les femmes la portent au travail, ce qui influence leurs choix ainsi que leurs comportements professionnels ».

    En 1984, Monique Haicault expliquait déjà que les femmes « rognent du temps » au maximum sur leur temps de travail salarié pour assurer leur « travail domestique ». Résultat : « ce qu’elles gagnent à être bonne mère, elles le perdent en prime d’assiduité ou prime de mérite ». La charge mentale vient ainsi rallonger la liste des inégalités femmes-hommes au travail, en plus « des discriminations à l’embauche, des comportements sexistes, du fameux plafond de verre […] ou encore du manque de parité », selon l’article de Dialogues économiques. Bref, c’est la double peine !

    A minima, la charge mentale nuit au bien-être des femmes, qui ont, de fait, du mal à concilier vie professionnelle et vie privée. Mais elle peut aussi avoir de lourdes conséquences sur leur santé physique et mentale (stress, anxiété, épuisement, troubles du sommeil, burn-out)…

L’équité salariale, une priorité

Comment les entreprises peuvent-elles soulager la charge mentale des femmes ? Que peuvent-elles mettre en place ?

Avant tout, priorité devrait être donnée à l’équité salariale. Comme le rappelle la sociologue Christine Castelain-Meunier, « le salaire est déterminant : en général, une cadre qui a les moyens d’être aidée tolère mieux la charge mentale qu’une ouvrière qui ne peut compter que sur elle-même ».

Or, en 2021, selon l’INSEE, dans le secteur privé, le revenu salarial moyen des femmes était en moyenne encore inférieur de 24,4 % à celui des hommes !

Plus de flexibilité et plus de services

  • Enfin, les entreprises peuvent également aider les femmes salariées en favorisant le télétravail, en leur proposant des horaires plus flexibles, voire aménagés (jeunes parents, garde alternée d’enfants ou horaires décalés pour éviter les bouchons), et en bannissant l’organisation de réunions le mercredi, tard le soir ou tôt le matin.

    Point de vigilance, toutefois, sur le télétravail : dans un rapport daté de février 2023, le Haut Conseil à l'Égalité entre les femmes et les hommes (HCE) alerte, en effet, sur les inégalités que le télétravail peut amplifier « lorsqu’il répond à des difficultés régulières de garde d’enfants ou qu’il s’exerce dans des locaux inadaptés »…

    Autres pistes d’actions : proposer des formations en gestion du temps pour aider ses salariées à optimiser leur organisation, à gérer leurs priorités et à reprendre confiance en elles. Ou leur offrir un accompagnement social, ainsi qu’un soutien psychologique, via un service d’action sociale externalisé.

Réduire les inégalités liées à la parentalité

  • Autre levier : mieux accompagner la parentalité. Le Plan interministériel pour l’égalité entre les femmes et les hommes 2023-2027 l’énonce clairement : « parce que la parentalité peut être vecteur d’inégalités dans le couple et dans la sphère professionnelle, il est nécessaire pour les deux parents d’appréhender au mieux la grossesse et l’arrivée d’un enfant ». C’est justement pour permettre aux pères de s’investir davantage dans la parentalité et lutter ainsi contre les inégalités femmes-hommes que la durée du congé paternité a été allongée, le 1er juillet 2021, à 28 jours, dont une semaine obligatoire.

    De leur côté, dans ce même esprit, les entreprises peuvent aussi favoriser les congés maternité, paternité et parentaux (durée et compensation de la perte de salaire), autoriser plus facilement les absences pour le coparent qui souhaite assister aux rendez-vous médicaux ou carrément réserver des places en crèche privée, comme le propose Harmonie Mutuelle.