Depuis quelques années, on a le sentiment que les entreprises se sont vraiment emparées du sujet de la RS. Pourquoi ?
Christelle Bitouzet : Nous sommes actuellement dans une période où l’on voit une très forte évolution des parties prenantes autour des entreprises, mais aussi de tout type d’organisation. Les citoyens, notamment les plus jeunes, ont de nouvelles attentes quand ils doivent décider quel type d'organisation ils vont intégrer. Les générations plus âgées ont aussi de nouvelles attentes vis-à-vis de l’entreprise.
Autre constat, depuis 2 ou 3 ans, il y a une évolution des marchés financiers qui lient de plus en plus la performance économique de l'entreprise à la qualité de sa performance sociale et sociétale, et à sa capacité à intégrer les nouveaux enjeux environnementaux, sociaux et sociétaux. Enfin, depuis 2015, le changement climatique pousse les entreprises à revoir leur business model, dans un monde où le changement climatique est devenu une préoccupation majeure.
Qu’entend-on traditionnellement par RSE ?
CB : La définition traditionnelle de la RSE est la traduction microéconomique de la notion de développement durable. Comment j’intègre les enjeux sociaux internes à l'entreprise, les enjeux sociétaux communautaires, la relation avec les citoyens, les enjeux environnementaux, dont le changement climatique, la biodiversité et l'ensemble des pollutions… à la gouvernance, à l’éthique, aux règles concurrentielles. Tout en étant performant sur un plan économique. Il ne s’agit donc pas d’opposer la Responsabilité sociétale et la performance économique, mais bien de les associer.
Dans ce contexte, la RSE va-t-elle créer de nouvelles opportunités pour les entreprises ?
CB : La RSE est aujourd'hui une des « bulles » où l’on peut le plus se réinventer. Dans l’ensemble des activités de l'entreprise, il faut regarder plus précisément où l’on peut trouver à la fois des risques et des opportunités pour faire évoluer son business model.
Avec deux questions :
- Qu’est-ce que je peux faire de plus pour créer plus d’impact positif ?
- Qu'est-ce que je vais faire de nouveau qui va me permettre de créer un impact supplémentaire ?
Comment accompagner les salariés dans une démarche RS ?
CB : C'est un sujet à la fois très simple et très compliqué. Très simple parce que c’est une thématique sur laquelle tout le monde a quelque chose à dire. Le côté compliqué, c'est de faire en sorte que cette démarche puisse irriguer complètement les façons de faire. Et donc qu’elle transforme à la fois la stratégie, les choix stratégiques et les process opérationnels.
Il y a aussi un nouveau concept qui est arrivé avec la loi Pacte de 2018, celui des entreprises à mission. De quoi s'agit- il ?
CB : Dans la loi Pacte, il existe effectivement une modification du Code civil qui permet aux entreprises de choisir un niveau d'engagement et de le traduire éventuellement de façon statutaire. Le second niveau, c'est de travailler sur la notion de raison d’être : pourquoi l’entreprise existe ?
Le niveau un peu ultime est de basculer sur le statut d’entreprise à mission. En clair, je modifie statutairement mes missions et je vais être confronté annuellement à l'évaluation « Est-ce que j’ai effectivement atteint ma raison d'être ? ».
Il faut préciser qu’Harmonie Mutuelle est une entreprise à mission… Aujourd'hui, si on revient au sujet de la RSE, quels en sont les acteurs ?
CB : L’élément capital, c'est l'engagement de l'entreprise, donc de ses leaders. Le top management est également extrêmement important pour créer la dynamique en interne. Sans oublier le client qui a un certain nombre d’attentes, des produits plus responsables par exemple, mais qui n'est pas prêt à payer plus cher.
Y a-t-il quelque chose de nouveau pour les RH quand on parle RSE ?
CB : Le métier des RH a changé de façon radicale ; l’entreprise doit effectivement être attirante, c’est-à-dire donner du sens. Plus on va être capable de montrer que l'entreprise est dans une dynamique de transformation, de contribution aux nouveaux enjeux, plus la marque employeur va être attirante. Avec finalement plus de loyauté et moins de turn-over en interne.