Comment faire cohabiter les différentes générations en entreprise ?

2 minute(s) de lecture
Mis à jour le


Avec le recul de l’âge de départ à la retraite, ce sont désormais 4 générations qui sont amenées à travailler ensemble au sein des entreprises : les baby-boomers nés entre 1946 et 1965, la génération X entre 1965 et le milieu des années 80, la génération Y entre 1985 et le début des années 2000, et enfin la génération Z qui va jusqu'à 2010. Cette cohabitation intergénérationnelle est un vrai défi pour les dirigeants et les managers. Quel rapport au travail ces différentes générations ont-elles ? Comment faire cohabiter les salariés, quel que soit leur âge ?

Le point avec Jérôme Bouchet, Directeur et consultant senior au sein du cabinet Empreinte Humaine, spécialisé dans la qualité de vie au travail.

Jérôme Bouchet

  • Existe-t-il réellement un conflit intergénérationnel ou toutes les générations cohabitent-elles bien ensemble.

    Jérôme Bouchet : Bien entendu, on ne peut pas nier l’existence dans les organisations d’un certain nombre de conflits entre générations. Mais d’abord, il me semble important de partager avec vous un point de vigilance sur ces différentes générations, X, Y ou Z. En effet, ces différentes catégories ne correspondent à aucune réalité scientifique. On est plus sur un concept de stéréotypes qui nous permet une lecture simplifiée de notre environnement. Donc, restons prudents !


    Quelles sont les sources de conflits entre les générations ?

    JB : De façon très globale, un certain nombre de tensions s'expriment directement au niveau du travail lui-même. Elles concernent les critères de qualité ou les modalités de réalisation du travail, par exemple. Il existe aussi des tensions, de façon indirecte, autour de la conciliation entre vie privée et vie professionnelle.


    On pense que la génération Z va privilégier sa vie personnelle par exemple, ce qui n'est pas le cas pour la génération X ?

    JB : Pour une bonne analyse, Il est intéressant de lire attentivement les résultats du baromètre déployé par le cabinet Empreinte Humaine en février de cette année. Sur l’ensemble des résultats, et si l’on se concentre sur les données concernant les seniors et les jeunes en entreprise, on observe notamment que :

    • 8 salariés sur 10 considèrent que les jeunes sont moins motivés au travail que les autres générations.
    • 8 salariés sur 10 ont vu des personnes de la génération précédente qui ont trop sacrifié leur vie personnelle par rapport au travail.
    • 7 salariés sur 10 estiment que les jeunes générations ont raison de bousculer les normes managériales de l’entreprise.
    • 6 salariés sur 10 estiment que la façon dont sont traités les seniors dans l’entreprise a un impact direct sur la motivation des jeunes générations.

    Concrètement, comment se visualisent ces différences ?

    JB : Les principales caractéristiques associées à la génération X sont le cynisme, l’apathie, la paresse, le manque de confiance dans les valeurs traditionnelles et dans les institutions, le matérialisme… Concernant la génération Y, on a davantage tendance à insister sur les questions d’autonomie et de reconnaissance, sur la valorisation du travail en équipe. Et surtout sur le besoin de réalisation de soi.


    Avec toutes ces différences, comment faire cohabiter toutes les générations sur un même lieu de travail ?

    JB : Il existe un certain nombre de bonnes pratiques, notamment au niveau managérial. Comme, évidemment, le fait de prendre en compte les différences d’attentes, de motivation ou de reconnaissance. Avec aussi la nécessité de privilégier les équipes intergénérationnelles. J’ai évoqué la question des stéréotypes ; le fait de travailler ensemble va permettre de développer le lien social et de dépasser ces préjugés entre générations. Même s’il est impossible d’imposer une culture intergénérationnelle, on peut créer les conditions de sa réalisation via un certain nombre de bonnes pratiques, avec la mise en place d’espaces de collaboration régulée ou de moments de convivialité, tout simplement. L'objectif est de mettre en place les conditions qui vont permettre une co-construction de valeurs communes.


    Quel rôle attendre des managers ? C'est à eux d'impulser cette culture du partage, de faire en sorte que toutes les générations travaillent ensemble…

    JB : De mon point de vue, on ne peut pas imputer cette responsabilité uniquement au niveau du management. Il s’agit plus d’un objectif, d’un mouvement organisationnel global. L’importance est de prendre en compte les différences entre les générations, peu importe la façon dont on les nomme, pour construire une organisation où chaque génération se retrouve. Où chaque génération considère les bénéfices de la collaboration intergénérationnelle.

  • Retrouvez l’ensemble des épisodes du podcast sur toutes vos plateformes préférées. Avec le podcast Inspiration RH, Harmonie Mutuelle vous propose d’aborder de façon très pratique les enjeux de protection et de valorisation du potentiel humain en entreprise