Comment se libérer de l’hyper-perfectionnisme ?

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Le perfectionnisme est souvent perçu comme une qualité. On attribue en effet à une personne perfectionniste le fait d’être attentive aux détails, persévérante, rigoureuse. En réalité, l’hyper perfectionnisme peut générer du stress dans le cadre professionnel. Qu’est-ce que le perfectionnisme au travail ? Quelles sont les conséquences de l'hyper perfectionnisme dans une organisation et pour des salariés ?

On en parle avec Laure Berté Pastour, psychologue du travail et consultante au sein du cabinet Empreinte Humaine.


Laure Berté

  • D'abord, quelle est la définition du perfectionnisme ?

    Laure BERTÉ PASTOUR : Le perfectionnisme, c’est la tendance à vouloir faire tout avec un souci exagéré de la perfection. Pour aller plus loin, nous devrions définir ce qu’est la perfection… mais il est impossible de définir une chose parfaite, car la perfection est propre à chacun. Elle va dépendre de notre niveau d’exigence, de notre personnalité. En fait, chacun a ses propres critères.


    Comment le perfectionnisme se manifeste-t-il d'un point de vue individuel, dans la sphère professionnelle ?

    Une personne perfectionniste a un niveau d’exigence élevé vis-à-vis d’elle-même ; elle sera rarement pleinement satisfaite de son travail. Le perfectionniste a aussi du mal à accepter la critique et peut facilement perdre confiance en cas de feedback négatif. Un individu perfectionniste est particulièrement sensible aux retours extérieurs - manager, collègues, clients – car il ne veut pas décevoir.

    Autre comportement plus étonnant que l’on retrouve chez les perfectionnistes : la procrastination. Une personne exigeante, qui a la volonté de faire un excellent travail, sait en effet que cela va lui coûter beaucoup d’énergie physique, cognitive et psychique. Elle peut alors mettre en place des stratégies d’évitement en procrastinant, c'est-à-dire en repoussant ce qu’elle doit faire pour éviter l’effort. Pour autant, procrastiner est une source de stress pour un perfectionniste, car il a toujours en tête la tâche à réaliser. Et plus le temps passe, plus la personne est anxieuse quant au travail à réaliser. Ce qui est un contradictoire !

     

    Au final, que doit-on retenir du perfectionniste ?

    Il est très pointilleux. Il va beaucoup s’investir dans une tâche, jusqu’à parfois s'acharner. Cette pression qu’il s’impose à lui-même est une source de stress qui va générer de la fatigue physique, mais aussi mentale. En cela, le perfectionnisme est un facteur d'épuisement professionnel.

     

    Quelles peuvent être les conséquences d'un management perfectionniste ?

    Le perfectionnisme sous l'angle du management est souvent l’œuvre d’un individu qui est lui-même perfectionniste et qui ne voit pas qu'il gère son équipe avec le même niveau d’exigence qu’il a pour lui. Le problème, c'est que ce manager va imposer à d’autres personnes une manière de travailler qui ne sera sûrement pas adaptée. En laissant par exemple des consignes précises et peu de marge de manœuvre, ce qui va diminuer l’intérêt du travail pour les équipes. Un manager perfectionniste va avoir de grandes difficultés à déléguer et il fera beaucoup plus pour compenser le travail de son équipe. Ses horaires vont alors augmenter comme sa charge de travail.


    Est-ce qu’il existe un modèle d'entreprise perfectionniste ?

    Il faut plus plutôt parler de la culture organisationnelle de certaines entreprises qui prônent l’excellence à tout niveau, qui n’acceptent ni le pas de côté ni les erreurs. Avec une culture organisationnelle de ce type, c’est plus l’atteinte des résultats qui est prise en compte que le chemin pour y parvenir. Ici, on va d’abord reconnaitre la réussite plutôt que les efforts réalisés par les équipes, ce qui va avoir un impact sur la santé de l’ensemble des collaborateurs.


    Quels conseils donneriez-vous pour lutter contre l’hyper perfectionnisme ?

    Il faut d’abord prendre conscience du fait que l’on est perfectionniste. Ensuite, il est crucial de ne pas prôner les comportements hyper perfectionnistes au sein d'une organisation. Enfin, il faut agir. Pour un individu, le travail sera plus d’ordre psychologique dans l’optique de revoir son niveau d’exigence et de prendre conscience de ses limites. À l’échelle d’une entreprise, il s’agira d’une évolution culturelle.

    Pour sortir de cette spirale perfectionniste, il faudrait d’abord mettre en place des pratiques managériales saines, valorisant la qualité de vie au travail et l’investissement de chacun. Il est aussi conseillé de mettre du sens dans chaque consigne, de valoriser les réussites tout en reconnaissant le droit à l'erreur.

    Au final, dites-vous bien que ce n'est jamais avec un individu, un management ou une organisation perfectionniste que vous allez développer la performance.

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