La RSE : un levier stratégique pour les TPE et PME

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Si la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) est souvent perçue comme un sujet réservé aux grandes entreprises, c’est sans doute parce qu’elle est fréquemment assimilée aux obligations réglementaires en matière de durabilité, notamment les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) définis par la directive CSRD (2022/2464) de l’Union européenne.

Cette directive, qui vise à renforcer les exigences de publication d’informations extra-financières pour les entreprises européennes, s’applique en 2025 uniquement aux structures remplissant au moins deux des trois critères suivants :

  • un effectif supérieur à 250 salariés,
  • un chiffre d’affaires de plus de 50 millions d’euros,
  • un total de bilan dépassant 25 millions d’euros.

 

  • À compter du 1er janvier 2026, elle sera également étendue aux PME cotées en bourse.


    Autrement dit, les TPE et PME non cotées restent, pour l’instant, très largement en dehors du champ d’application réglementaire. Mais ce serait une erreur d’en conclure qu’elles peuvent ignorer la thématique RSE. Car aujourd’hui, les clients, les salariés, les donneurs d’ordres et même les financeurs sont de plus en plus attentifs aux engagements concrets des entreprises, quelle que soit leur taille.


    Dans ce contexte, la mise en place d’une politique RSE constitue une véritable opportunité stratégique : pour améliorer l’image de l’entreprise, attirer et fidéliser les équipes, répondre à de nouveaux appels d’offres, mieux anticiper les risques… et tout simplement, piloter son activité de manière plus durable.


    Dans cette dynamique, le rôle des experts-comptables est central. En accompagnant vos clients dans la structuration de leur démarche RSE, l’identification des bons indicateurs et le suivi des progrès, vous leur apportez un conseil à plus forte valeur ajoutée.


    Dans cette édition, nous vous proposons un tour d’horizon des trois piliers de la RSE : l’environnement, le social et la gouvernance. Pour chacun, nous en listons les principaux enjeux et proposons des indicateurs concrets à suivre pour vos clients.

Pilier environnemental : comment rendre l'écologie accessible ?

  • Si les obligations réglementaires en matière de transition écologique concernent principalement les grandes entreprises, il serait réducteur de penser que les plus petites structures peuvent rester à l’écart de ces enjeux. Car toute entreprise, quelle que soit sa taille, génère un impact environnemental.
    Énergie, déplacements, matériel, achats, déchets… autant de leviers sur lesquels il est possible d’agir à l’échelle d’une TPE ou d’une PME, sans bouleverser l’organisation ni investir massivement. Et surtout, mesurer et piloter ces postes représente un intérêt économique réel. Car consommer moins, gaspiller moins ou acheter mieux, c’est souvent réduire ses coûts fixes tout en améliorant son image auprès de ses clients, partenaires ou donneurs d’ordres.


    Quelques indicateurs à suivre (et pourquoi) :


    La consommation énergétique (électricité, gaz, carburants) : Suivre les dépenses d’énergie permet d’identifier rapidement les postes les plus énergivores (chauffage, éclairage, serveurs informatiques, déplacements professionnels…). En engageant des actions simples  comme le remplacement des ampoules, l’isolation des locaux, la maintenance des équipements ou l’usage de véhicules moins polluants, l’entreprise peut réduire sa facture énergétique de manière conséquente. Elle s’expose également moins au variation future du prix de l’énergie.


    Le volume et la nature des déchets produits : Identifier et classer les déchets (papier, plastique, cartons, équipements électroniques, biodéchets…) permet de mieux cibler les filières de valorisation. En réduisant le volume global ou en développant le tri à la source, l’entreprise peut diminuer le coût de ses prestations de collecte et parfois bénéficier de tarifs préférentiels liés au recyclage. Cette action concourt également à donner une image positive de l’entreprise auprès de ses clients.


    L’empreinte carbone simplifiée : Sans aller jusqu’au bilan complet, un premier diagnostic peut être réalisé à partir des factures d’électricité, de carburant, ou des déplacements professionnels. Il permet de quantifier les émissions directes (scope 1) et indirectes liées à l’énergie (scope 2), et parfois d’en tirer des actions prioritaires. Des outils comme Nos Gestes Climat, ADEME Impact CO₂ ou des simulateurs simplifiés sont gratuits et accessibles.
    Cette démarche peut s’avérer particulièrement utile en cas d’appel d’offres public ou de collaboration avec des grandes entreprises soumises à la CSRD car ces dernières doivent également communiquer sur l’empreinte carbone de leurs fournisseurs.


    La part d’achats responsables : intégrer des critères environnementaux ou sociaux dans les achats (produits éco-conçus, matériaux recyclés, fournisseurs locaux, labellisés ou engagés) permet de réduire l’empreinte indirecte (scope 3) tout en contribuant à une économie circulaire. Cela peut aussi réduire les délais logistiques, limiter la dépendance aux grands circuits d’approvisionnement, et renforcer les partenariats de proximité. Cet avantage peut être différenciant dans la communication de l’entreprise ou dans les réponses à des appels à projets.
    Vous pouvez également être attentifs aux engagements en matière de RSE de vos partenaires de protection sociale. Ainsi, Harmonie Mutuelle lance le mouvement éco-santé en soutenant et en encourageant toutes les actions qui favorisent la santé et le bien-être des Français au quotidien. De plus, la mutuelle est implantée partout en France, avec des équipes commerciales et des agences actives sur les territoires et proches des adhérents.
    À côté des enjeux environnementaux, le volet social est particulièrement clé pour les entreprises.

Pilier social : structurer sa politique RH même sans service RH

  • Parmi les trois piliers de la RSE, le social est souvent celui auquel les dirigeants de TPE et PME sont les plus sensibles. Recrutement, fidélisation, conditions de travail, engagement des équipes : autant d’enjeux qui relèvent du quotidien opérationnel. Pourtant, ces sujets sont rarement abordés de manière processée alors qu’ils le nécessiteraient.


    Car au-delà des bonnes intentions, la capacité d’une entreprise à mesurer et piloter ses pratiques sociales devient un levier clé de performance. Elle permet d’anticiper les risques RH, d’améliorer l’attractivité de l’entreprise auprès des talents et de se démarquer dans un environnement concurrentiel.


    Quelques indicateurs à suivre (et pourquoi) :


    Le taux de rotation des effectifs (turnover) : Suivre les entrées et les sorties de personnel permet d’évaluer la stabilité des équipes. Un turnover élevé peut signaler un manque d’attractivité, une insatisfaction interne ou des erreurs de recrutement. À l’inverse, une faible rotation est souvent synonyme de climat social apaisé et de culture d’entreprise solide. En réduisant les départs non souhaités, l’entreprise limite les coûts de recrutement, de formation et de désorganisation interne.


    Le taux d’absentéisme : Cet indicateur est un révélateur important du climat social et des conditions de travail. Des absences fréquentes, même de courte durée, peuvent cacher des difficultés organisationnelles ou un désengagement progressif. Suivre les absences dans la durée permet de mettre en place des actions ciblées (répartition de la charge, prévention, dialogue managérial).


    Le nombre d’heures de formation par salarié : Un indicateur souvent sous-exploité, mais très valorisé dans les démarches qualité ou dans les relations avec les OPCO. Il témoigne de l’investissement dans les compétences et peut renforcer la fidélité des équipes. Former, c’est aussi anticiper l’évolution des métiers et sécuriser l’employabilité des salariés.


    L’écart de rémunération femmes-hommes : Même lorsqu’aucune obligation légale ne s’applique, mesurer cet écart permet de vérifier l’équité salariale et d’éviter des situations injustifiées. Une transparence sur ce sujet devient un facteur de confiance interne et un critère d’évaluation externe, notamment dans les marchés publics.


    Les dispositifs de qualité de vie au travail (QVT) : Télétravail, horaires aménagés, accompagnement à la parentalité ou à la santé, ergonomie des postes… Autant d’initiatives qui ne nécessitent pas toujours de budget important, mais peuvent profondément améliorer l’engagement des collaborateurs. Ces actions constituent un avantage compétitif fort en période de tensions sur le marché du travail.


    Et si vous souhaitez suivre davantage le sujet, nous vous proposons une synthèse de 10 thématiques clés à suivre dans l’infographie ci-dessous : 

  • Pour accompagner davantage vos clients sur ces thématiques, quelques actions peuvent être envisagées : 

    • Proposez la création d’un mini-tableau de bord social grâce aux données de paie, permettant ainsi de mieux piloter des indicateurs clés (absentéisme, rémunération effective…).
    • Encouragez la mise en place d’un entretien professionnel structuré pour faire le point sur les besoins et attentes des collaborateurs.
    • Orientez vers des outils RH adaptés aux TPE (gestion des absences, suivi des entretiens, indicateurs RH automatisés).

Pilier gouvernance : structurer les décisions, sécuriser l'avenir

  • Le dernier pilier, celui de la gouvernance, est peut-être le moins intuitif dans les petites structures. Pourtant, la clarté dans les responsabilités, la transparence dans la gestion, et la prise en compte des parties prenantes sont des éléments essentiels à la pérennité de l’entreprise.
    Cela n’implique pas nécessairement la création d’un conseil de surveillance. En revanche, cela implique d’instaurer des règles de fonctionnement simples, connues et partagées, pour sécuriser la prise de décision, anticiper les conflits ou les imprévus, et créer de la confiance.


    Quelques indicateurs à suivre (et pourquoi) :


    La tenue régulière de réunions de pilotage : Fixer un rythme de points de gestion (mensuel, trimestriel, semestriel - rythme à définir en fonction des besoins de la structure) pour suivre les indicateurs clés (financiers, commerciaux, RH, RSE…) permet d’ajuster les priorités et d’impliquer les équipes. Ces rituels renforcent la culture de pilotage et permettent une meilleure réactivité.


    La formalisation d’objectifs extra-financiers : Intégrer quelques objectifs liés à l’environnement, au social ou au territoire dans la feuille de route de l’entreprise permet de rendre la démarche RSE concrète et opérationnelle. Cela démontre que la performance ne se limite pas au chiffre d’affaires, et peut être valorisée auprès de partenaires externes.


    L’existence de dispositifs d’écoute des parties prenantes : Mettre en place un canal de remontée des idées, une boîte à suggestions, ou organiser un point annuel avec des partenaires clés permet d’intégrer des attentes externes dans la stratégie. L’écoute proactive renforce la crédibilité et améliore la pertinence des décisions.


    Les dispositifs de partage de la valeur : La mise en place de mécanismes de partage de la valeur (intéressement, participation, prime de partage de la valeur (PPV), abondement à un plan d’épargne salariale) traduit un choix clair de gouvernance : celui de reconnaître la contribution des salariés à la performance de l’entreprise. Ces dispositifs permettent aussi d’associer davantage les collaborateurs aux résultats, de renforcer leur engagement, et de fidéliser les talents dans la durée.


    Outre leur impact social positif, ces outils présentent des avantages fiscaux et sociaux non négligeables pour l’entreprise, notamment lorsqu’ils sont bien calibrés selon sa taille et sa masse salariale.


    Une gouvernance qui intègre le partage de la valeur de manière structurée montre sa volonté de concilier performance économique et équité, ce qui renforce sa crédibilité auprès des partenaires et des salariés.
     

Conclusion : la RSE, un cadre de pilotage et de création de valeur

  • La RSE, lorsqu’elle est adaptée à la taille de l’entreprise, devient un véritable outil de pilotage, bien au-delà d’une simple posture. Elle permet de : 

    • Mieux anticiper les risques (juridiques, sociaux, réputationnels)
    • Renforcer l’attractivité de l’entreprise auprès des talents, des financeurs, des clients
    • Structurer la gestion des priorités stratégiques à travers des indicateurs partagés
    • Accéder à des marchés ou à des financements qui intègrent des critères extra-financiers

    Pour les cabinets d’expertise comptable, c’est aussi un terrain de développement : celui d’un accompagnement à impact, valorisé par les entreprises comme par les institutions. 
     

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    Harmonie Mutuelle s’engage depuis 2020 dans une démarche ambitieuse pour intégrer la transition écologique au cœur de sa stratégie d’entreprise. En contribution à sa réflexion sur sa raison d’être et son engagement en tant qu’Entreprise Mutualiste à Mission, la mutuelle a construit une véritable stratégie climat. Adoptée en 2022, cette stratégie repose sur une prise de responsabilité forte en tant qu’acteur économique et social.