Ce que dit la loi : l’obligation d’évaluer tous les risques
Tout employeur doit évaluer les risques professionnels, et le risque chimique en fait partie. La réglementation impose une démarche structurée : identifier les dangers, analyser les situations d’exposition, puis mettre en place des mesures adaptées.
Bruno Courtois souligne un point souvent minimisé : « La prévention ne peut pas se résumer à un conseil donné au détour d’un atelier. Il faut une trace écrite, un document qui organise la réflexion ». Cette formalisation est le rôle du Document Unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP), qui permet de vérifier que l’on n’oublie aucun poste de travail et que les protections envisagées sont cohérentes avec les expositions réelles.
Le risque chimique ne concerne pas seulement les « produits chimiques »
Une erreur fréquente, selon Bruno Courtois, est de croire que le risque n’existe que dans les activités « chimiques » au sens industriel. « Ce n’est pas parce qu’un produit paraît naturel qu’il est sans danger sous toutes ses formes. La farine, par exemple, devient un agent chimique dangereux dès lors qu’elle se transforme en poussière inhalée. Et les poussières de bois peuvent conduire à des cancers des sinus après des années d’exposition ».
Comment évaluer les risques quand on n'est pas expert ?
« Beaucoup d'entrepreneurs se posent des questions autour du DUERP (le document unique d'évaluation des risques professionnels) et nous sollicitent quand l'entreprise s'apprête à faire quelque chose qu'elle ne faisait pas auparavant ».
L’expert estime que cette démarche est saine. Chercher conseil avant de se lancer dans une opération inhabituelle permet d’anticiper les risques plutôt que de les subir. Pour lui, l’important n’est pas de devenir expert en toxicologie mais d’adopter une attitude d’interrogation : observer ce qui change, se demander comment les salariés peuvent être exposés, et aller chercher les informations nécessaires.
Mettre en place les bonnes protections : les gestes essentiels
Une information rassurante : derrière la diversité des produits et des métiers, les mécanismes d’exposition sont toujours les mêmes : inhalation, contact cutané, ingestion. Cette logique simple permet de déterminer les protections pertinentes. « Une fois que l’on comprend par quelle voie se fait l’exposition, on sait comment agir », résume-t-il.
Ventilation ou captage pour éviter d’inhaler, équipements adaptés pour limiter le contact, organisation des espaces et règles d’hygiène pour prévenir l’ingestion accidentelle : les solutions sont accessibles, à condition de les adapter aux réalités du métier. Le contexte varie (les poussières d’un chantier du BTP n’ont pas la même nature que celles d’une boulangerie) mais le raisonnement, lui, reste identique.
Où trouver de l’aide — technique, réglementaire ou financière ?
Les entreprises qui interrogent l’INRS ou les organismes de prévention se trouvent face à une question concrète qu’elles ne peuvent pas résoudre seules. Cela peut concerner une opération nouvelle, un produit qu’elles n’ont jamais manipulé ou une situation où les outils habituels ne suffisent plus.
Bruno Courtois rappelle que d’autres relais existent pour les accompagner : les services de santé au travail ou les organismes professionnels. Certaines aides financières peuvent aussi soutenir l’achat de matériel de prévention. « Elles peuvent financer des systèmes d’aspiration ou de ventilation, mais elles ne couvrent pas tous les secteurs ni toutes les situations. Elles s’utilisent dans un cadre précis. »
Les bons réflexes
Alors quelle prévention pour les petites structures ?
Pour Bruno Courtois, la prévention repose d’abord sur quelques réflexes : reconnaître qu’un risque peut exister même dans les activités les plus ordinaires, analyser ce qui change lorsqu’un nouveau produit ou une nouvelle opération apparaît, ajuster les protections en fonction des expositions réelles, et ne pas hésiter à demander conseil.