Les réseaux sont-ils utiles à tous les entrepreneurs ?
Très peu de métiers n’en ont pas besoin. Les seules professions totalement absentes des réseaux sont celles dont l’agenda est plein — kinés, ostéos, dentistes, médecins. Pour tous les autres, le réseau sert soit à gagner en visibilité, soit à rompre l’isolement, soit simplement à respirer. Dans les rencontres, on croise des professionnels du bâtiment, de la communication, du bien-être, mais aussi des métiers très numériques. Une éditrice travaillant seule m’expliquait par exemple que son réseau était sa seule sortie mensuelle : un moyen de garder un lien humain.
Comment s’y retrouver parmi tous les réseaux ?
La première question est très simple : qu’est-ce que je cherche actuellement ? Du business ? Du soutien ? De la rencontre ? Ou juste sortir de chez moi ? Une fois cela clarifié, on élimine déjà beaucoup de choix.
Et il ne faut jamais hésiter à tester. Tous les réseaux proposent un petit-déjeuner ou une soirée découverte, avec une présentation des valeurs, du fonctionnement et des animateurs. La première impression est déterminante : si chacun reste dans sa bulle, ce n’est pas le bon endroit.
Qu’est-ce qui donne envie de rester dans un réseau ?
Ce sont les rencontres. Certaines rencontres dépassent même le cadre professionnel. Parfois, un réseau offre simplement une bouffée d’air ou un regain d’énergie. Parfois, il transforme une situation. On arrive pour déposer des cartes de visite… et on repart reboosté.
Comment reconnaître un bon réseau business ?
Un bon réseau business est vivant : on y voit un noyau dur, mais aussi de nouvelles têtes à chaque rencontre. La taille compte beaucoup : au-delà de trente personnes, on est plutôt dans une réunion d’information, où il devient difficile de pitcher, écouter et retenir qui fait quoi. Enfin, on sent très vite si la rencontre est structurée : un accueil clair, un déroulé, un vrai moment d’échange… ou au contraire un flou qui ne met personne en valeur.
Faut-il “apporter quelque chose” ?
Pas forcément. Dans les réseaux très business, on vient souvent chercher des contacts, et l’essentiel est d’être présent. Certains sont stricts : deux absences, et on perd sa place. Dans d’autres réseaux, il existe un socle de membres avec une seule personne par secteur : si vous êtes la personne référente, votre présence compte, car sinon le réseau intégrera quelqu’un d’autre. C’est simplement le fonctionnement normal du collectif.
Et si on n’est pas extraverti ?
Je connais un réseau professionnel dont l’activité consiste à courir ensemble, c’est aussi une façon de créer du lien et de la solidarité. Ce qui compte, c’est la régularité. Le réseau fonctionne comme un client : si on ne l’entretient pas, il ne se passe rien. Se montrer, revenir, échanger : la confiance se construit ainsi.
Faut-il s’inquiéter de la concurrence ?
Non. Deux personnes qui font le même métier ne travaillent jamais de la même façon. Dans un réseau, on recommande une personne, pas un secteur. Et si vraiment on ne veut aucun doublon, certains réseaux limitent à un membre par activité.
Et à quoi servent les réseaux non orientés business ?
À tenir le coup. Ce sont des espaces où l’on peut dire que c’est difficile, parler charge mentale ou équilibre vie pro / vie perso. Ils servent d’appui moral. Certains, comme Dirigeants Solidaires, interdisent même de parler business pendant la rencontre pour préserver un espace neutre.
Et côté budget et temps ?
Certains font payer par rencontre, parfois autour d’une dizaine d’euros, d’autres réseaux demandent une cotisation annuelle entre 100 et 200 €, et les plus orientés business peuvent aller jusqu’à 3 000 €. Côté temps, un dirigeant solo peut gérer deux réseaux, trois au maximum.
Peut-on créer son propre réseau ?
Oui, et c’est très fréquent. Beaucoup d’organisateurs actuels sont d’anciens membres qui n’ont pas trouvé un réseau à leur image ou qui ont eu envie de redonner au collectif. Certains réseaux sont nés ainsi, comme Point Commun, conçu pour combiner bienveillance, proximité et business.
Que dire à quelqu’un qui hésite ?
Que le réseau n’est pas un gadget. Ce n’est pas une carte qu’on pose sur une étagère : c’est un espace vivant. Au pire, on y fait de belles rencontres ; au mieux, on y trouve des opportunités, un souffle, ou un tremplin vers une nouvelle énergie.